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Arts et culture

Après Nelson Mandela, le combat continue

20 septembre 2020

Crédit visuel : Gaëlle Kanyeba

Par Gaëlle Kanyeba – Journaliste

L’autobiographie de Nelson Mandela baptisée Un long chemin vers la liberté, et parue en 1994 nous plonge dans l’intimité de l’homme qui, au nom de son engagement pour la paix et la justice, porta le coup de grâce à la politique raciale de la communauté blanche en Afrique du Sud.

Mandela est de ces humains, comme Mahatma Gandhi, devant lesquels on ne peut qu’être extrêmement révérencieux. 

Je ne connaissais pas grand-chose de lui, hormis le fait que c’est une figure illustre de la lutte contre l’apartheid et que, bien avant Barack Obama aux États-Unis, Nelson Mandela a été le premier président noir d’un pays profondément marqué par le racisme et la séparation des classes sociales, l’Afrique du Sud.

Un amour de l’humain

Mais je pense que j’ai réellement compris le personnage uniquement par le biais de ses écrits. Est-ce que je peux affirmer que je suis en admiration devant lui ? Je crois que le mot admiration est faible.

Celui qui a également été prix Nobel de la paix a dit que « personne ne naît en haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau, ou de son passé, ou de sa religion. Les gens doivent apprendre à haïr, et s’ils peuvent apprendre à haïr, on peut leur enseigner aussi à aimer, car l’amour naît plus naturellement dans le cœur de l’homme que son contraire. Je ne suis pas vraiment libre si je prive quelqu’un d’autre de sa liberté. L’opprimé et l’oppresseur sont tous deux dépossédés de leur humanité. »

Selon moi, cette citation résume son combat pour son pays, pour l’Afrique et pour le monde.

Un long chemin vers la liberté 

Nelson Mandela, de son vrai nom Rolihlahla Mandela, nous retrace sa vie selon ses propres mots, dans un recueil regroupant ses mémoires, qu’il avait commencé en 1974 dans la prison de Robben Island.

En lisant le livre, on se replonge dans le souvenir de son propre grand-père nous racontant les histoires de sa jeunesse avec enthousiasme et bonne humeur. Ici, l’auteur nous invite dans l’intimité de sa vie en dressant tout d’abord un portrait détaillé de son arbre généalogique, et s’arrête en parlant de 1995. 

Il nous conte son récit de la manière la plus simple et sincère qui soit, en parlant ouvertement de ses erreurs, de son ignorance, de son machisme d’autrefois, de ses remises en question mais aussi de ses forces, ses convictions et de sa dignité.

J’en ai lu des biographies, croyez-moi ! Mais celle-ci est au-dessus de la mêlée. Elle se distingue par l’absence d’orgueil et de la volonté de l’auteur de se glorifier. Le tout avec un brin d’humour. 

Un homme respecté et admiré

Pourquoi ? Il y a plusieurs raisons, et si je devais toutes les énumérer, j’écrirais un billet de dix mille mots ; je vais donc me contenter de trois raisons simples. 

Tout d’abord, il a passé 27 années en prison, dans des conditions difficiles, pour avoir osé se rebeller contre la ségrégation raciale de l’Afrique du Sud. À cette époque, le régime d’apartheid est en plein essor et une minorité blanche domine les noir.e.s, qui étaient souvent peu éduqué.e.s et ne savaient pas se défendre. À cela, Mandela répond que « l’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde ».

Ensuite, celui qu’on appelait aussi Madiba (le nom de sa tribu) ou « Tata », qui veut dire le père dans différentes langues Bantu, avait catégoriquement refusé pendant cinq ans durant, les offres de libération de la part de ses oppresseurs. Ils appelaient à l’échange d’un appel à la renonciation de la lutte armée contre un adoucissement des lois organisant la ségrégation. 

Et pour finir, peu de temps avant que Mandela ne devienne le premier président noir de l’Afrique du sud, le pays s’est retrouvé au bord d’une guerre civile entre les Zoulous et les Blancs. Mais le leader avait pris le destin de son pays en main en 1994, et voulait à tout prix établir un État de Droit, où pardon et réconciliation nationale étaient les mots d’ordre. 

Il a ainsi obtenu par la négociation l’abandon du système d’apartheid, et par des discours rassembleurs, a presque réussi à unifier son pays. Le fameux I have a dream de Martin Luther King, pouvait ainsi devenir une réalité.    

Pourquoi en parler ?

Les récentes manifestations pour dénoncer le racisme institutionnel et la discrimination systémique partout dans le monde, m’ont faite réfléchir quant à ma place dans la société. Je voulais comprendre le pourquoi du comment.

Par conséquent, j’ai commencé à m’intéresser de plus près à ces femmes et à ces hommes issus des minorités qui ont impacté considérablement leurs époques respectives, et la nôtre. De Malcom X à Nelson Mandela, en passant par les Lumumba et Thomas Sankara, le combat pour la personne noire est resté le même, peu importe le continent et l’époque. Les choses ont changé dans la forme, mais pas dans le fond.

Nelson Mandela m’a impressionnée par la profondeur de son humanité, je suis toujours stupéfaite face à cet homme qui se disait prêt à mourir pour son idéal d’une société où les gens seraient libres et égaux. Il voulait la liberté oui, mais pas à n’importe quel prix. Il a réussi grâce à l’éducation et la négociation. 

Je sais que le chemin est encore long, mais je me réjouis déjà de voir autant d’hommes et des femmes de toutes origines confondues dans les manifestations #BlackLivesMatterLa prise de conscience des discriminations et du fait que le monde n’est pas égalitaire est croissante.

Ma génération a conscience que se taire c’est être complice ; Nelson Mandela est mort le 5 décembre 2013, mais le combat pour un monde plus juste continue.

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