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Actualités

Une appropriation maladroite par la FÉUO

25 septembre 2017

Section : Actualités

Par : Yasmine El Kamel

La rue, la nuit, tous sans peur!

La marche « Take back the night » a lieu chaque année, le 21 septembre, depuis 39 ans. Elle est organisée par un comité de réseaux et événements, nommé Women’s Event Network, dont le Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) francophone d’Ottawa fait partie. Cette année, la Fédération Étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) a organisé une marche similaire le 3 septembre en prenant le titre de l’événement et en le traduisant « La nuit, la rue, tous sans peur! ». Une traduction qui, selon le CALACS et l’Action ontarienne contre la violence faite aux femmes (AOcVF), enlève la caractéristique première de la marche : une action en soutien aux femmes victimes de violence sexuelle.

Une traduction qui minimise la violence faite aux femmes

Alors que la coordinatrice des services de prévention et de sensibilisation, Josée Laramée, et la gestionnaire, Josée Guindon, du CALACS, dénoncent un plagiat effectué par la FÉUO, la directrice générale par intérim de l’AOcVF, Sonia Pouliot, a également publié une lettre ouverte à destination de la FÉUO appelant à renommer la marche à sa juste valeur : « La rue, la nuit, les femmes sans peur! ».

Dans sa lettre, Pouliot exprime qu’en voulant « inclure tout le monde », la FÉUO exclut les femmes et minimise leur lutte ainsi que leurs souffrances. En indiquant que c’est une marche pour tous, « vous passez le message que les enjeux de l’agression sexuelle faite aux femmes sont les mêmes que ceux de l’agression sexuelle faite aux hommes », écrit-elle.

C’est une autre problématique

Laramée souligne quant à elle que les hommes peuvent également être victimes d’agression sexuelle. Un homme sur cinq en est victime, « c’est énorme et il faut donner des services », précise-t-elle. Par contre, c’est une autre problématique. Elle ajoute que le temps de vulnérabilité d’un homme est son enfance, alors que la femme peut être vulnérable toute sa vie. Lorsqu’une femme marche toute seule dans la rue, la nuit, elle a peur. Un homme, pas forcément.

La marche a ainsi initialement pour objectif de dénoncer les agressions sexuelles faites aux femmes par les hommes, dans une société où la culture du viol est encouragée, et où les femmes sont constamment sexualisées.

« On veut travailler avec la FÉUO »

Guindon explique cependant que le CALACS veut travailler de concert avec la FÉUO, mais « on ne peut pas se taire lorsqu’on voit de l’oppression, du plagiat, du manque d’analyse et de crédibilité ». Elle estime alors qu’avant de traduire le titre seule, la FÉUO aurait dû appeler le CALACS, qui s’occupe de la traduction en français.

Pour sa part, Laramée ne comprend pas qu’après tout ce qui se soit passé, en faisant allusion au Vet’s Tour, à l’intimidation de l’ancienne présidente de la FÉUO, et aux accusations sexuelles portées envers deux joueurs de l’équipe masculine de hockey, ce genre de choses puisse encore arriver. Elle souligne également que la manière dont la Vice-présidente en matière de l’équité, Leila Moumouni-Tchouassi, s’est adressée au CALACS ne démontre pas du tout une collaboration.

En effet, sur les commentaires Facebook, Moumouni-Tchouassi accuse le CALACS d’être violent et de discriminer l’événement. Guindon espère que la FÉUO sera présente lors de la marche originelle du 21 septembre, avec les cinquante personnes qui ont marché pour l’événement organisé par la FÉUO.

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