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Arts et culture

Anonymat nocturne comme instinct naturel

29 octobre 2018

Photo : Emilie Azevedo

 

Par: Gabrielle Lemire, cheffe Arts et culture

Entre deux exécutions sur la place publique à l’ombre d’une cathédrale médiévale. C’est là que le bal masqué est né ; d’un désir des Européens de la cour de se vêtir de costumes aux significations profondes et surtout, de rester dans l’anonymat.

Après avoir été popularisées en France par le roi François 1er, le prestige de ces soirées était sans égal à la Renaissance, alors que d’une cour à l’autre, les dépenses onéreuses tournaient presque au ridicule. La noblesse se pressait pour être vue, sans toutefois être reconnue, dans ces bals. Le plus célèbre de ces bals fut le Bal de l’Opéra, donné deux fois par semaine en 1715 durant le Carnaval à Paris. Tous s’entendent pour dire qu’aucune mascarade n’a surpassé celle de l’Opéra depuis.

Vendredi dernier, pour inaugurer le début de sa programmation Nature nocturne, le Musée canadien de la nature invitait la faune nocturne d’Ottawa à un bal masqué dans ses galeries. Une fois par mois durant l’année scolaire, les ottaviens de 19 ans et plus pourront explorer le musée durant la nuit dans le cadre de la septième saison de Nature nocturne.

Rituels nocturnes de la faune locale

Comme c’était le cas à la Renaissance, les invités de vendredi devenaient des sujets étudiés dans l’enceinte du Musée. Quatre planchers de danse étaient mis à la dispositions des convives qui pouvaient se procurer des boissons à plusieurs points de vente, tous très sollicités. Une grande partie du public prenait toutefois le temps de s’informer dans les expositions du Musée. C’est le cas de deux étudiantes, des habituées du Musée de la nature, croisées dans l’exposition des insectes. « Je suis contente d’être là, mais c’est plus pour le musée comme tel que la mascarade », explique l’une d’elles.

Sensualité masquée

Selon la tradition, le bal masqué aurait été une occasion de libertinage pour les participants, qui, sous le couvert de l’anonymat, avaient droit à un écart sans représailles.

Certains semblent avoir profité de cette dimension incognito pour concubiner entre les fossiles de dinosaures ou les plaques de glace dans la galerie sur l’Arctique. À mesure que la soirée se déroulait, les couples agglutinés semblaient imiter les ailes des papillons tout juste sortis de leur cocon, présentés dans une volière au sous-sol du musée. Le camouflage masqué des couples rappelait également celui du morpho bleu, un papillon dont l’intérieur est d’un bleu saisissant alors que l’extérieur est décoré d’une paire d’yeux perçants afin d’éloigner les prédateurs.

Après 6 saisons au succès retentissant, le Musée ne s’épuise pas. Toutefois, pour cette édition de Nature nocturne, certains semblent avoir mal compris la thématique du bal masqué. « Le thème pour le mois d’octobre était Back in black, alors pour moi, ça ne signifiait pas nécessairement un bal masqué. Alors je n’ai pas porté de masque », confie Megan Durn, une habituée du musée.

D’autres ont pris plus de liberté en se déguisant notamment en personnages de Star Wars, de l’Étrange Noël de Monsieur Jack, en tyrannosaure et en Beetlejuice. Certains accoutrements des invités de l’ouverture de Nature nocturne étaient dignes d’un remake moderne des bals masqués cultes organisés par François 1er.

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