Interruption, sarcasme et moqueries! Voilà comment Rock traite la presse étudiante. La Rotonde se doit de déplorer le ton et les tactiques éristiques du recteur. Pourtant, il y avait bien matière à explorer la corrélation entre les problèmes de santé mentale, l’expérience étudiante et les frais de scolarité. Retour sur l’attitude désolante du 29e recteur et vice-chancelier.
« S’il vous plait monsieur… »
Lors des entretiens avec le recteur, Allan Rock demande de recevoir les questions à l’avance. Ensuite, il se pratique une fois avec les journalistes avant d’être filmé.
Peut-être ne s’est-il pas bien préparé; peut-être que la journaliste n’a pas suivi le script à la lettre. Enfin bref, quelque chose a fait réagir le recteur.
Lorsqu’interrogé sur la possibilité d’un budget sans hausse de frais de scolarité, Rock suggère qu’« on peut acheter des billets de loterie toutes les semaines; on peut demander au recteur d’aller à Las Vegas et jouer quitte ou double ». Digne d’un recteur, non?
« L’argent doit arriver de quelque part », se lamente-t-il pour justifier la dernière hausse des frais de scolarité qui rapporte entre 8 et 9 millions de dollars. C’est un manque d’honnêteté flagrant. En 2012, Rock confiait à La Rotonde « que durant les dix dernières années, nous avons eu des surplus. Au total, c’est presque 500 millions de dollars. »
Ensuite, alors que la journaliste soulève que l’attente est de 4 à 6 mois pour avoir un rendez-vous avec un psychologue, il refuse les chiffres et interrompt celle-ci plus d’une dizaine de fois pour se plaindre que La Rotonde n’a pas publié une de ses lettres.
« Pourquoi n’avez-vous pas publié ma lettre », demande le recteur. La question est rhétorique. Du moment que la journaliste avance quelques mots, Rock interrompt. « Ça, c’est ridicule! » Un deuxième essai et Rock lance ses interventions sarcastiques avec plus de volume : « Est-ce que vous avez de l’espace sur votre site web ou ça c’est limité aussi? » Une fois de plus et Rock lui coupe la parole : « Je n’accepte pas cette réponse; ça n’a pas de bon sens. Vous n’avez pas une réponse. »
« Est-ce que… mais est-ce que je peux… », se débat en vain la journaliste. « Laissez-moi… s’il vous plait monsi… s’il vous plait monsieur… ». Sans succès.
Mais quel sentiment d’entitlement! C’est comme si La Rotonde se doit de publier tout ce qui lui passe par la tête.
Première clarification : La Rotonde n’est pas un instrument de propagande de la haute administration. La Gazette – qui a reçu la primeur sur ladite lettre – remplit déjà bien ce rôle. Dans les pages des journaux étudiants indépendants, le recteur n’a aucune autorité éditoriale.
Deuxième clarification : même les grands décideurs se doivent encore de respecter les simples journalistes étudiants.
Tout va bien dans le meilleur des mondes
Allan Rock est perplexe : il ne comprend pas pourquoi l’expérience étudiante est si mal appréciée à l’Université d’Ottawa (U d’O). Avec des allusions aux gros projets de construction qui viennent embellir le campus, Rock semble vraiment croire améliorer la situation. Mais l’expérience étudiante n’est pas une collection d’édifices, mais bien l’accumulation d’un fardeau fiscal.
On peut bien se demander où va l’argent. Presque « 75% de notre budget opérationnel par année est dédié aux salaires et avantages sociaux de nos employés », confie Rock. Avec une élite administrative si bien payée, ça ne surprend personne. Devrait-on rappeler qu’Allan Rock reçoit tout de même un salaire annuel approchant les 400 000$, représentant presque 70 000$ de plus que le premier ministre du Canada?
Si Allan Rock était moins occupé à essayer de sortir l’Université du sous-sol des classements universitaires, peut-être pourrait-il se concentrer sur les choses qui en valent vraiment la peine? Pas les rénovations, pas les nouvelles résidences, pas les nouveaux partenariats à l’international et encore moins la création de cet idéal artificiel que l’on surnomme l’expérience étudiante.
L’expérience étudiante comme elle est perçue par la haute administration est loin d’être réalité, qui se dépeint en fait en une jonglerie maladroite entre travail et étude, en espérant d’en aboutir. Bien sûr, le recteur défend, d’un air penaud, qu’il ne comprend toujours pas pourquoi les étudiants n’aiment pas leurs années passées à l’Université d’Ottawa.