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Allan Rock pour une intervention militaire en Syrie

23 septembre 2013

 

 

 

 

 

 

 

– Par Ghassen Athmni –

Le recteur de l’Université d’Ottawa (U d’O), Allan Rock, avait cosigné avec le recteur de l’Université du Manitoba, Lloyd Axworthy, deux billets d’opinion dans le Globe and Mail afin de presser la communauté internationale à intervenir dans le conflit syrien. Le dernier article, publié le 26 août, s’appuie sur le principe de responsabilité de protéger comme argument fondamental pour que l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) envoie ses troupes au Levant afin de faire chuter le régime de Bachar Al-Assad.

« Une question de responsabilité »

M.Rock et M. Axworthy, deux anciens ministres du gouvernement libéral de Jean Chrétien, fondent leur argumentaire sur la nécessité de mettre un terme au conflit afin d’éviter que le nombre de victimes ne se multiplie frénétiquement. Ils emploient l’exemple du Kosovo pour illustrer leurs propos. « J’écris sur la responsabilité de protéger et en parle depuis des années, en fait depuis ma participation, en tant qu’ambassadeur canadien aux Nations unies (ONU), aux négociations qui ont mené à son adoption unanime par les états membres de l’ONU, lors du Sommet mondial de 2005 », révèle M. Rock.

Le principe en question suggère que la communauté internationale doit, en dernier recours et sous l’égide du Conseil de sécurité des Nations Unies, intervenir militairement au cas où un état membre est incapable de fournir la protection nécessaire à ses citoyens. Plusieurs voix s’opposent cependant à cette norme, considérant qu’elle souffre d’un deux poids deux mesures, ou encore que cela constitue une violation de la souveraineté nationale du pays visé. La dernière fois que ce principe a été invoqué fut pour bombarder le territoire libyen en 2011.

M. Rock estime par ailleurs qu’il n’y a aucune contradiction entre sa fonction et le fait qu’il adopte une telle position. « Les leaders universitaires, comme toute autre personne, peuvent faire part de leurs commentaires et de leurs opinions sur des questions de politique qui font l’objet de débats publics lorsque leur expérience ou leur expertise leur permet de le faire », considère-t-il.

La communauté syrienne divisée

La guerre qui se déroule actuellement en Syrie oppose d’un côté l’Armée syrienne régulière, dirigée par le parti Ba’ath (également orthographié Baas), d’orientation nationaliste arabe, à laquelle se sont alliés des miliciens du même parti ainsi que des combattants kurdes, à l’Armée syrienne libre, essentiellement composée de scissions de l’armée régulière et de Jabhat al-Nosra (Front pour la victoire), un mouvement armé d’obédience islamiste. Les combats ont éclaté suite à plusieurs mois de protestations contre le parti au pouvoir. Le bilan humain serait supérieur à 100 000 morts et plusieurs centaines de milliers de blessés. Le recteur de l’U d’O considère à ce propos que l’immobilisme des forces internationales a permis aux extrémistes religieux d’infiltrer l’opposition syrienne. Dernièrement, l’usage d’armes chimiques a compliqué davantage la situation. Les deux belligérants s’accusent mutuellement d’avoir recouru au gaz sarin et causer la mort de plus de 350 personnes selon l’organisation Médecins sans frontières.

À l’image de ce qui se passe dans leur pays d’origine, les Syriens d’Ottawa ont des opinions extrêmement divergentes sur le sujet.

Rama Imadi, vice-présidente aux affaires externes de l’association des étudiants syriens d’Ottawa et étudiante à l’U d’O, partage l’avis de M.Rock« au lieu de condamner, la communauté internationale devrait agir et intervenir en Syrie pour empêcher le régime de continuer à perpétrer ces massacres », confie-t-elle.

Pour la jeune Syrienne, la majorité de ses concitoyens sont pour l’intervention d’une force internationale, ce à quoi s’oppose Mounir Louis, président de l’Association arabe syrienne du Canada. M. Louis est farouchement opposé à une telle « ingérence » dans les affaires de son pays d’origine.« Nous espérons qu’un jour, les pays impliqués dans la guerre civile en Syrie nous laissent choisir notre avenir et qu’ils arrêtent d’envoyer des armes et des mercenaires pour soutenir les islamistes de Jabhat al-Nosra », déclare-t-il.

Selon le Conseil de sécurité, les représailles contre le régime syrien sont conditionnées par l’abandon de son arsenal d’armes chimiques, un pas que le gouvernement syrien s’est déjà dit prêt à faire.

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