Photo Emilie Azevedo
Par Camille Ducellier, cheffe du pupitre actualités
L’ère où Google nous suggère des publicités étrangement trop proches de notre réalité ne fait que débuter. L’Université d’Ottawa a accueilli le 14 novembre dernier trois spécialistes en analyse de données virtuelles. Animé par la journaliste et cheffe du bureau d’Ottawa du Huffington Post Althia Raj, le panel intitulé Social Media & Platform Politics: Unintended Consequences of Democracy a rassemblé experts, étudiant.e.s et membres du grand public.
Organisé par le regroupement étudiant I vote—Je vote, le panel a invité Tarleton Gillespie, chercheur à Microsoft Research New England ainsi que professeur associé à l’Université Cornell, Jane Lytvynenko, journaliste pour BuzzFeed et Tracey Lauriault, professeure dans le département de communication à l’Université Carleton.
L’éthique des algorithmes
Une grande préoccupation, sinon la plus importante, est certainement celle qui joint les algorithmes à l’éthique. En effet, les trois panélistes s’entendent pour dire qu’aujourd’hui, les algorithmes deviennent de plus en plus intelligents, sans toutefois être rattachés à l’humain. En fait, c’est justement ici que les spécialistes observent un problème éthique puisque les algorithmes n’ont pas les capacités humaines de jugement.
Pour Lauriault, le problème d’éthique se trouve dans la collecte de l’information. En effet, la professeure de l’Université Carleton explique qu’il faut se questionner sur qui a l’autorité de récolter les données, et sur les intentions de l’organisation qui les collecte. Par exemple, Lauriault démontre que les algorithmes peuvent être des sources de danger pour certaines personnes : si un algorithme présume qu’un individu est homosexuel en Russie, celui-ci est directement placé dans une situation dangereuse.
Jane Lytvynenko de BuzzFeed comprend quant à elle que les algorithmes resterons des robots puisqu’il est impossible de leur apprendre « à être humain ». La journaliste note que le président français, Emmanuel Macron, tente de faire en mesure que les compagnies rendent tous leurs algorithmes publics, puisque, dit-elle, il est impossible de construire un algorithme sans savoir exactement ce qu’il sera capable de capter. Par ailleurs, la raison principale qui divise les algorithmes de l’humanité est simplement le fait que les algorithmes ne peuvent pas discerner le bien du mal, tout comme la vérité du mensonge.
Qu’en est-il dans la politique ?
L’un des buts de la conférence étant de discuter des algorithmes des médias sociaux en relation avec la politique partisane, les trois panélistes s’entendent pour dire que les médias sociaux jouent inévitablement un rôle dans les campagnes électorales, ainsi que dans la politique en général. Par exemple, les découvertes de la firme Cambridge Analytica influencent pleinement la manière de traiter les données reçues par les algorithmes. De plus, comme le souligne Lytvynenko, les médias sociaux, tels que Facebook, ont une influence énorme sur les enjeux humanitaires. En effet, la journaliste explique que nous avons tous l’impression que la crise humanitaire au Myanmar est relativement récente puisque nous voyons défiler des vidéos sur notre fil Facebook, alors que les activistes impliqués au Myanmar crient à l’aide depuis plus de cinq ans.