
Activistes pour les droits des hommes à l’U d’O: Intervention policière contre les étudiants sur leur campus
Par Clémence Labasse
Mercredi 10 février, il est environ 19 h. Une voiture et une camionnette de police occupées par sept policiers sont stationnées en dehors du pavillon Hamelin tandis que des agents de sécurité du campus patrouillent dans les couloirs. Une prise d’otage serait-elle en cours ? Un meurtrier se retrancherait-il dans l’ancien pavillon des Arts ? Pas tout à fait. À l’occasion d’une conférence organisée par des activistes pour les droits des hommes, une poignée d’étudiants ont manifesté pour bloquer l’entrée de la salle où celle-ci devait se dérouler. Retour sur un début de nuit mouvementé, suivi d’une conférence tenue dans le plus grand calme.
Altercations physiques et idéologiques
La branche ottavienne de l’Association canadienne pour l’égalité (CAFE) pensait pouvoir organiser pour une troisième fois sur le campus de l’Université d’Ottawa (U d’O) une conférence qui ne s’ébruiterait guère au-delà de son petit groupe de fidèles. Mais cela était sans compter sur les manifestations du Mouvement révolutionnaire étudiant (MER), qui avait eu vent de la tenue de l’évènement grâce aux quelques affiches stratégiquement placées sur le campus. Arrivé peu avant 19 h, un petit groupe d’étudiants aura tout fait pour tenter d’empêcher l’évènement de pouvoir suivre son cours.
Un membre du mouvement, ayant préféré rester anonyme, raconte : « Nous avons formé un mur humain pour bloquer l’entrée de la salle. Nous refusons qu’un organisme qui repend des discours haineux et sexistes puisse tenir impunément des évènements sur un campus où les valeurs des étudiants ne concordent clairement pas avec les leurs. Surtout si peu après que Roosh V et son mouvement proviol “Return of Kings” aient menacé de venir à Ottawa »
Ces perturbations ne sont cependant pas restées impunies très longtemps. Sur sa page Facebook, le MER raconte : « La sécurité du campus a menacé des manifestants étudiants d’expulsion, d’interpellation, et leur a dit que ceux-ci seraient inemployables et sans-abris. Après que ces tentatives d’intimidations aient été justement ignorées, ils ont fait appel à la police, qui était déjà prête à procéder à des arrestations, en collaboration avec les organisateurs de l’évènement ».
Les services de sécurité de l’université travaillaient-ils de concert avec la CAFE ? Au moment de mettre sous presse, La Rotonde n’a pas obtenu la moindre réponse de la part de l’Université, du département de la sécurité de l’U d’O ou de la police sur ces questions.
CAFE ou MER : à qui la parole ?
L’association CAFE refuse les accusations du groupe étudiant et se distancie formellement de tout groupe proviol, ou « néo-masculiniste », selon leurs termes. L’association, qui a ouvert une branche à Ottawa au printemps 2015, se désigne plutôt comme un organisme de charité avec à cœur la défense des droits des hommes, marginalisés.
Lors de la conférence intitulée « Diary of a Martian. Paul Nathanson will discuss the emergence, unwiling at first, of his interest in men », le conférencier est revenu sur les problèmes sociétaux et judiciaires que rencontrent de nos jours les hommes, sans proférer de discours explicitement insultants à l’égard des femmes ou des féministes dites « égalitaires », qu’il oppose aux féministes « idéologiques » et aux misandres. Après la conférence, le public composé majoritairement d’hommes blancs assez âgés, mais également de personnes de couleur et de femmes, a pu participer à un échange respectueux avec Nathanson.
L’altercation survenue plus tôt dans la soirée était quelque peu prévue par les organisateurs de la conférence. « Nous prévenons toujours la sécurité avant de tenir des activités comme celles-ci sur le campus, car ce n’est pas la première fois que CAFE attire des manifestants. Pour essayer de tenir nos évènements dans le calme, nous avons également rendu ceux-ci payants. Ces opposants nous haïssent tellement qu’ils refusent de nous verser le moindre sou ! », a expliqué David Shakelton. Il également intéressant de noter, que si les évènements dans les campus de Toronto sont généralement bien publicisés, pas la moindre trace de promotion ne peut être retrouvée sur leurs réseaux sociaux quant aux évènements prenant place à Ottawa.
Quant à la possibilité d’un débat ou de réels échanges entre les deux parties, celle-ci n’est à ce jour envisagée par personne.