Inscrire un terme

Retour
Actualités

Activistes pour les droits des hommes à l’U d’O: Intervention policière contre les étudiants sur leur campus

22 février 2016

Par Clémence Labasse

Mercredi 10 février, il est envi­ron 19 h. Une voiture et une camion­nette de police occu­pées par sept poli­ciers sont station­nées en dehors du pavillon Hame­lin tandis que des agents de sécu­rité du campus patrouillent dans les couloirs. Une prise d’otage serait-elle en cours ? Un meur­trier se retran­che­rait-il dans l’an­cien pavillon des Arts ? Pas tout à fait. À l’oc­ca­sion d’une confé­rence orga­ni­sée par des acti­vistes pour les droits des hommes, une poignée d’étu­diants ont mani­festé pour bloquer l’en­trée de la salle où celle-ci devait se dérouler. Retour sur un début de nuit mouve­menté, suivi d’une confé­rence tenue dans le plus grand calme.

Altercations physiques et idéologiques

La branche otta­vienne de l’As­so­cia­tion cana­dienne pour l’éga­lité (CAFE) pensait pouvoir orga­ni­ser pour une troisième fois sur le campus de l’Uni­ver­sité d’Ot­tawa (U d’O) une confé­rence qui ne s’ébrui­te­rait guère au-delà de son petit groupe de fidèles. Mais cela était sans comp­ter sur les mani­fes­ta­tions du Mouve­ment révo­lu­tion­naire étudiant (MER), qui avait eu vent de la tenue de l’évè­ne­ment grâce aux quelques affiches stra­té­gique­ment placées sur le campus. Arrivé peu avant 19 h, un petit groupe d’étudiants aura tout fait pour tenter d’empêcher l’évènement de pouvoir suivre son cours.

Un membre du mouve­ment, ayant préféré rester anonyme, raconte : « Nous avons formé un mur humain pour bloquer l’entrée de la salle. Nous refu­sons qu’un orga­nisme qui repend des discours haineux et sexistes puisse tenir impu­né­ment des évène­ments sur un campus où les valeurs des étudiants ne concordent clai­re­ment pas avec les leurs. Surtout si peu après que Roosh V et son mouvement proviol “Return of Kings” aient menacé de venir à Ottawa »

Ces perturbations ne sont cependant pas restées impunies très longtemps. Sur sa page Facebook, le MER raconte : « La sécu­rité du campus a menacé des mani­fes­tants étudiants d’ex­pul­sion, d’interpellation, et leur a dit que ceux-ci seraient inem­ployables et sans-abris. Après que ces tenta­tives d’in­ti­mi­da­tions aient été juste­ment igno­rées, ils ont fait appel à la police, qui était déjà prête à procé­der à des arres­ta­tions, en colla­bo­ra­tion avec les orga­ni­sa­teurs de l’évè­ne­ment ».

Les services de sécurité de l’université travaillaient-ils de concert avec la CAFE ? Au moment de mettre sous presse, La Rotonde n’a pas obtenu la moindre réponse de la part de l’Université, du département de la sécurité de l’U d’O ou de la police sur ces questions.

CAFE ou MER : à qui la parole ?

L’association CAFE refuse les accusations du groupe étudiant et se distancie formellement de tout groupe proviol, ou « néo-masculiniste », selon leurs termes. L’association, qui a ouvert une branche à Ottawa au printemps 2015, se désigne plutôt comme un organisme de charité avec à cœur la défense des droits des hommes, marginalisés.

Lors de la confé­rence inti­tu­lée « Diary of a Martian. Paul Nathan­son will discuss the emer­gence, unwi­ling at first, of his inter­est in men », le confé­ren­cier est revenu sur les problèmes socié­taux et judi­ciaires que rencontrent de nos jours les hommes, sans profé­rer de discours explicitement insultants à l’égard des femmes ou des fémi­nistes dites « égali­taires », qu’il oppose aux fémi­nistes « idéo­lo­giques » et aux misandres. Après la confé­rence, le public composé majo­ri­tai­re­ment d’hommes blancs assez âgés, mais égale­ment de personnes de couleur et de femmes, a pu parti­ci­per à un échange respec­tueux avec Nathan­son.

L’al­ter­ca­tion surve­nue plus tôt dans la soirée était quelque peu prévue par les orga­ni­sa­teurs de la conférence. « Nous préve­nons toujours la sécu­rité avant de tenir des activités comme celles-ci sur le campus, car ce n’est pas la première fois que CAFE attire des mani­fes­tants. Pour essayer de tenir nos évènements dans le calme, nous avons égale­ment rendu ceux-ci payants. Ces oppo­sants nous haïssent telle­ment qu’ils refusent de nous verser le moindre sou ! », a expliqué David Shakel­ton. Il également intéressant de noter, que si les évène­ments dans les campus de Toronto sont géné­ra­le­ment bien publi­ci­sés, pas la moindre trace de promo­tion ne peut être retrou­vée sur leurs réseaux sociaux quant aux évènements prenant place à Ottawa.

Quant à la possi­bi­lité d’un débat ou de réels échanges entre les deux parties, celle-ci n’est à ce jour envi­sa­gée par personne.

 

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire