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Les 99 sacrifiés du climat

7 novembre 2016

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Par Khady Konaté

Action climat 101

 

Le 24 octobre dernier, près de 200 personnes, la majorité étant de jeunes étudiant.e.s venant d’aussi loin que Vancouver, Toronto et Montréal, se sont donné rendez-vous lors d’une manifestation suivie d’un acte de désobéissance civile sur la colline du Parlement. L’action s’est soldée par l’arrestation de 99 jeunes, qui n’ont pas hésité à scander leur message : « Climate leaders don’t build pipelines » [« Les leadeurs du climat ne construisent pas d’oléoducs »].

À l’occasion de l’évènement Action Climat 101, ils étaient environ 200 de partout au pays à se retrouver dans la Capitale nationale aux côtés de quelques étudiant.e.s de l’Université d’Ottawa afin d’exprimer leur opposition face aux industries fossiles et à la tangente adoptée par le gouvernement Trudeau concernant le projet d’oléoduc Kinder Morgan devant se rendre jusqu’à Burnaby, en Colombie-Britannique.

De la désobéissance civile

Les manifestant.e.s se sont d’abord rassemblé.e.s à l’Université d’Ottawa le matin du 24 octobre, où ils ont pu assister au discours de leaders autochtones Tsleil-Waututh et d’étudiants venus motiver les troupes et ouvrir la marche. Muni.e.s de pancartes et de bannières, les jeunes se sont dirigé.e.s vers les rues du centre-ville d’Ottawa. Une fois arrivé.e.s au pied de la colline du Parlement, ils ont calmement franchi les clôtures de métal disposées par les forces policières. Résultat : 99 jeunes arrêtés, à qui l’accès aux terrains du Parlement est interdit pour une durée de trois mois.

Pour ces jeunes, le pari est relevé : l’évènement a permis « d’aller chercher l’attention de tout le monde autour de cet enjeu-là et de sortir le débat de la Colombie-Britannique, en plus de montrer à quel point le gouvernement Trudeau continue de suivre la ligne de parti du gouvernement Harper en matière d’environnement », explique Gabriel D’Astous, organisateur de la campagne jeunesse Keep it in the Ground pour l’organisme 350.org.

La question reste sur toutes les lèvres : pourquoi prendre un tel risque? « [Cet acte de désobéissance civile] fait suite à d’autres actions menées depuis des années comme des appels et des consultations publiques avec les députés, des pétitions et des manifestations en Colombie-Britannique surtout, où il y a beaucoup de résistance des communautés autochtones et de leurs allié.e.s », explique D’Astous.

Alors que le premier ministre Justin Trudeau s’était attiré le vote des jeunes par son ouverture et les engagements environnementaux pris lors de sa campagne et réitérés lors du Sommet de Paris (COP21), ceux présents lors de la journée d’Action Climat 101 estiment que de « donner le go » au projet Kinder Morgan reviendrait à revenir sur sa parole, en plus de sérieusement miner les efforts pour lutter contre les changements climatiques.

Amanda Harvey-Sánchez, une étudiante de l’Université de Toronto ayant participé à l’action du 24 octobre, a d’ailleurs son avis là-dessus : « Ma génération aura à faire face aux conséquences du changement climatique et ne veut pas d’autres pipelines. On veut aussi respecter les droits des Autochtones et se tenir debout avec eux. » Elle ajoute : « Si le gouvernement tient à bâtir une saine relation avec les Premières Nations comme il l’a affirmé, la réponse [qu’il doit donner] à Kinder Morgan, c’est non ».

Kinder Morgan : de quoi s’agit-il?

Le projet d’oléoduc présenté à l’Office national de l’énergie (ONÉ) par la compagnie Kinder Morgan, nommé Trans Mountain, consiste en la construction d’un nouveau oléoduc jumeau de celui qui se trouve déjà dans les sols de la Colombie-Britannique depuis 1953 afin de pouvoir transporter davantage de pétrole albertain issu des sables bitumineux vers l’Ouest canadien.

Ainsi, l’ancien tuyau mesurant 1 150 kilomètres s’arrimerait à son jumeau, dont la longueur serait de 994 kilomètres. Au total, ce sont plus de 890 000 barils de pétrole qui voyageraient quotidiennement sur le territoire britannocolombien, triplant ainsi l’actuelle production de Kinder Morgan, qui pourrait alors écouler davantage d’or noir vers les marchés de raffineries à l’extérieur du Canada. En mai dernier, Kinder Morgan Canada a reçu l’aval de l’ONÉ, lequel a émis une recommandation favorable pour que le projet puisse aller de l’avant.

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