Accusation de censure durant la Semaine contre l’Apartheid israélien: l’Université d’Ottawa dément
– Par Claire Delattre –
Du 4 au 8 mars 2013 s’est tenue la Semaine contre l’Apartheid israélien à l’Université d’Ottawa (U d’O). Selon Solidarity for Palestinian Human Rights (SPHR), un groupe qui fait la promotion des droits des Palestiniens, l’une de leurs affiches, qui présentait le programme de l’événement, aurait été censurée. La Rotonde s’est penchée sur les raisons de cette possible censure, qui ne serait pas, par ailleurs, la première dans l’histoire de SPHR.
Le refus d’affichage
À l’occasion de la Semaine contre l’Apartheid israélien, le groupe SPHR a demandé au Service de vie communautaire (SVC) d’étamper trois de ses affiches. La diffusion de l’une d’elles n’a cependant pas été validée. L’affiche en question, intitulée « Semaine contre l’Apartheid israélien 2013 », présentait le programme des évènements pour la semaine. « C’est un mouvement national et international […] qui sert à mettre en lumière les atrocités que doivent vivre les Palestiniens et la systématisation de la discrimination », défend SPHR.
De son côté, le SVC soutient que « l’Université favorise la liberté d’expression pourvu que celle-ci s’exerce dans le respect et la tolérance. »
Un non-respect des règlements d’affichage, selon l’U d’O
« L’affiche ne respectait pas les règlements d’affichage en vigueur, notamment l’article 4, qui interdit de placarder plusieurs affiches traitant du même sujet », affirme Caroline Milliard, gestionnaire des relations avec les médias de l’U d’O. « Également, l’affiche refusée annonçait la tenue d’activités à l’Agora du Centre universitaire le lundi 4 mars, alors que ce lieu était déjà réservé par un autre groupe », précise Mme Milliard.
Une raison politique?
Pourtant, selon des membres de SPHR, la justification qui leur a été fournie initialement pour expliquer le refus d’étamper l’affiche était une plainte anonyme qui aurait été reçue par le SVC, en raison du titre de l’affiche. « Ce qu’on nous a communiqué, c’est que le titre posait problème », explique Assma Balasamah, membre du groupe SPHR. « Il faut dire que le terme “Apartheid” suscite beaucoup de controverses, mais ça n’a jamais été une surprise pour nous », remarque-t-elle. Ce terme ne fait en effet pas l’unanimité, bien qu’utilisé par de nombreux groupes.
Ce n’est pas la première fois que SPHR ferait face à une censure. Il y a quatre ans, une affiche représentant un enfant à Gaza sur le point de se faire bombarder par un hélicoptère israélien avait eu un impact médiatique important après avoir été censurée par l’U d’O. « On ne peut pas afficher des posters qui incitent à la confrontation et font du dommage à la réputation », avait alors déclaré Allan Rock, recteur de l’U d’O.
Les étudiants avaient manifesté pour revendiquer un droit à la liberté d’expression dont ils se sentaient privés. « L’une des affiches liée à la Semaine contre l’Apartheid israélien contrevenait aux règlements, notamment parce qu’elle reproduisait une image incendiaire et susceptible d’inciter à des affrontements », indiquait un communiqué de presse du 23 mars 2009.
SPHR appelle aujourd’hui à plus de transparence de la part de l’U d’O. « Une seule plainte anonyme pour prendre une décision? Ça ne fait aucun sens », s’exclame Assma Balasamah. « Il faudrait que l’Université soit transparente et ne change pas d’avis concernant les raisons qu’elle donne », ajoute-elle.