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Accès à l’information : Tête-à-tête avec Joseph Hickey

23 novembre 2015

Par Frédérique Mazerolle

Pour l’étudiant typique, la complexité des rouages d’institutions postsecondaires peut être intimidante. À l’Université d’Ottawa (U d’O), où la transparence est de rigueur selon l’administration, il est parfois difficile d’accéder à certaines informations. Depuis 2009, l’U d’O connait une hausse significative de demandes d’accès à l’information.

Ce sujet a fait l’objet d’un essai de Joseph Hickey, ancien étudiant de l’U d’O. La Rotonde s’est entretenue avec l’auteur de « Access Denied in Ontario: A Critical Examination of the Roles of the University, the Commissioner, the Legislature, and the Courts », dont la curiosité débordante lui aura permis de découvrir des vertes et des pas mûres sur son université.

La Rotonde : D’où est venu votre intérêt pour les demandes à l’accès à l’information?

Joseph Hickey : Je voulais avoir plus d’information sur ma demande d’admission à la maitrise. Je voulais étudier le réchauffement climatique. C’était controversé, car je voulais étudier avec Denis Rancourt, un professeur climato-sceptique.

Il y avait de la tension entre le professeur et l’administration, et j’avais l’impression qu’on devait parler de moi. Au bout de deux ans, j’ai enfin eu accès à l’information; et j’ai finalement pu voir que des membres de l’administration ne voulaient effectivement pas m’admettre à la maitrise, alors qu’ils n’avaient rien à dire sur le contenu de ma thèse.

LR : Vos premières demandes d’accès à l’information remontent à 2008, ce qui coïncide avec l’arrivée d’Allan Rock comme recteur de l’U d’O. Y a-t-il un lien entre son arrivée en poste et la hausse des demandes d’accès à l’information à l’Université?

JH : C’est difficile à dire. Je n’avais pas fait de demandes avant l’arrivée de Mr. Rock, mais il faut dire aussi que la Loi sur l’accès à l’information et à la protection de la vie privée ne s’applique aux universités ontariennes que depuis 2006. Je peux cependant vous dire que l’Université s’est longuement battue pour ne pas me donner accès aux courriels entre Allan Rock et son ancien chef de cabinet, Stéphane Émard-Chabot. J’ai reçu le verdict final en octobre, me donnant accès aux derniers courriels.

Quand j’ai posé cette demande en 2011, l’Université l’a tout de suite refusée et m’a même remboursé les frais de procédure de 5 $. J’ai tout de suite amené ça en appel et ce fut le verdict le plus rapide que j’ai jamais vu. Le Commissariat a jugé que, clairement, ma demande n’aurait pas pu être mieux formulée et directe.

L’U d’O a ensuite utilisé son droit de prendre trois mois pour me répondre et, évidemment, ils ont ensuite trouvé un prétexte pour rallonger mon attente. À mon avis, l’Université fait un peu ce qu’elle veut pour essayer de ralentir le processus. Les délais sont toujours utiles à l’institution, parce qu’il y a des chances que la personne laisse tomber ou que l’information ne soit plus importante.

LR : Maintenant que vous accès à tous ces courriels, des années après avoir fait votre demande, ceux-ci sont-ils toujours d’actualité ou d’importance à vos yeux?

JH : Même après quatre ans, plusieurs informations sont toujours d’intérêt public. Ces courriels révèlent bien comment fonctionnent les rouages de l’Université. J’ai aussi remarqué plusieurs modèles de comportement qui se reproduisent au sein de l’administration. Maintenant, il faut tout recommencer le processus pour avoir des nouvelles informations.

LR : Selon vous, devrait-il y avoir des modifications à apporter au processus de demande d’accès à l’information à l’U d’O?

JH : Le Commissariat de l’information devrait être plus efficace et rigoureux face aux institutions, qui continuent de cacher l’information qui devrait être publique. L’information n’est cachée que lorsqu’il y a une bonne raison de le faire. L’Université devrait donner toute l’information d’un coup, et pas seulement laisser aller quelques documents, comme un teaser.

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