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Abolition du poste de Commissaire à l’équité au SÉUO : pourquoi et quelles répercussions ?

Crédit visuel : Hidaya Tchassanti — Directrice artistique

Article rédigé par Charlie Correia – Journaliste

Le 23 février dernier, lors d’une rencontre de son Conseil d’administration, le Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO) a pris la décision de dissoudre le rôle de Commissaire à l’équité, occupé pour la dernière fois par Imani Bunzigiye, qui a quitté ses fonctions en novembre 2024. La Rotonde s’est penchée sur les raisons qui ont mené à cette décision.

Le ou la Commissaire à l’équité du SÉUO avait deux principales responsabilités : la gestion des ressources humaines internes et le développement de projets d’équité en collaboration avec divers services. Il ou elle collaborait avec le Centre de ressources féministes,  le Centre d’expérience des étudiant.e.s racisé.e.s at autochtones, ou encore le Centre de la fierté. « On a dix services au total, mais plusieurs d’entre eux servent directement des communautés marginalisées ou sous-représentées », explique Delphine Robitaille, présidente du SÉUO.

Selon Isabella Fiore, directrice de la gouvernance de l’Association des étudiant.e.s en études féministes et de genre, qui a occupé des postes en équité dans des organismes à but non lucratif et des sociétés d’État ces dernières années, le poste de Commissaire à l’équité est très important. Il s’agit selon iel d’un rôle exigeant, qui nécessite de la patience, du tact et une bonne routine d’autosoins, mais qui est essentiel dans tout environnement de travail.

Malgré l’importance de ce rôle, celui-ci était vacant depuis novembre, et personne ne s’était présenté à ce poste lors des dernières élections. Robitaille ajoute que les responsabilités du ou de la Commissaire à l’équité empiétaient sur celles du ou de la Commissaire à la revendication. Ce poste, actuellement occupé par Alex Stratas, consiste quant à lui à superviser les activités de revendication du Syndicat, notamment auprès de l’Université d’Ottawa, des organisations extérieures et du gouvernement provincial.

Discussions en amont

Fiore déplore la décision de dissoudre le rôle de Commissaire à l’équité, affirmant que ce poste a toute sa place à l’Université. Même s’il s’agit d’un poste exigeant, iel estime qu’une personne devrait l’occuper afin d’assurer la bonne prise en charge des questions d’équité.

Avis partagé, mais nuancé par Robitaille, qui informe que le SÉUO envisage de confier les responsabilités d’équité à un groupe de personnes plutôt qu’à un seul individu. « Pourquoi ne pas plutôt mettre sur pied un comité composé d’étudiant.e.s de partout sur le campus qui s’intéressent aux questions d’accessibilité — qu’elles soient physiques ou liées aux services offerts — afin qu’ils et elles puissent se regrouper et discuter de ces enjeux ensemble ? », questionne-t-elle.

Pour Fiore néanmoins, « sans un rôle dédié à l’équité, les personnes qui ne sont pas habilitées se retrouvent involontairement à faire ce travail, ou alors il n’est tout simplement pas fait ». « Je n’ai jamais travaillé dans un environnement où l’équité était une responsabilité collective et où tout le monde s’y impliquait réellement », témoigne-t-iel.

Le poste de Commissaire à l’équité impliquait des coûts pour le SÉUO, notamment en termes de salaire et de charges sociales, poursuit la présidente du Syndicat. La décision de le supprimer a donc été en partie motivée par la volonté de réduire les dépenses pour les étudiant.e.s, surtout si le rôle était perçu comme peu essentiel ou inefficace. « Je ne vois pas d’intérêt à utiliser les frais des étudiant.e.s pour payer une personne à temps plein qui, finalement, a un rôle qui requiert juste 20 heures par semaine » développe Robitaille.

Quelles répercussions ?

Selon Robitaille, cette décision n’aura pas de grandes répercussions directes pour les étudiant.e.s. Cependant, elle risque d’affecter le fonctionnement des services d’équité, comme le Centre de ressources féministes et d’autres centres de soutien. Sans Commissaire à l’équité pour assurer la coordination, ces services devront repenser leurs méthodes de communication et de collaboration afin de garantir un accompagnement efficace des usager.e.s. Cette transition pourrait nécessiter du temps et des ajustements pour s’assurer que les besoins des communautés concernées continuent d’être pris en compte, affirme Robitaille.

À la question de savoir l’impact de la suppression du rôle de Commissaire à l’équité dans un contexte difficile pour les minorités aux Etats-Unis, qui suscite des inquiétudes au sein des populations marginalisées, Robitaille répond : « Je pense que nos services d’équité ont une place importante dans ce contexte-là. Ils vont être là pour les étudiant.e.s qui se sentent inquiêt.e.s face à ces menaces-là ».

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