– Par David Beaudin Hyppia –
D’ici 2014, la majeure en études canadiennes disparaitra officiellement de l’Université d’Ottawa car elle a été abolie. Officiellement, les inscriptions ne sont plus possibles depuis le 7 juin 2013. Il n’y avait que 22 étudiants inscrits à la majeure, et 17 à la mineure. « La majeure n’était pas très durable. Le nombre restreint d’étudiants et la diminution des inscriptions rendaient la majeure de moins en moins viable. », raconte Nicole St-Onge, directrice des études canadiennes et autochtones de l’Université d’Ottawa. Elle nous a confirmé que la majeure ne sera plus accessible aux étudiants. Le cours CDN4100/4500 disparaitra aussi, vu qu’il était le cours noyau de cette dernière.
Une majeure peu fréquentée
Le Sénat de l’Université a approuvé l’abolition de la majeure en études canadiennes à sa rencontre du 2 décembre. Le programme ne disparaitra pas pour autant car la mineure en études canadiennes ainsi que le programme d’études autochtones resteront en vigueur. Des rumeurs semblables circulaient aussi autour du programme d’études autochtones, mais elles ont été démenties par la directrice du programme. « La majeure en études canadiennes a effectivement été abolie, mais la mineure sera toujours accessible aux étudiants. Le programme d’études autochtones ne sera certainement pas aboli, il va même grandir. », a affirmé Mme St-Onge. Selon le rapport officiel, le programme n’a pas été en mesure de créer un collectif de professeurs à temps plein qui avaient la volonté de s’occuper du programme à long terme. Ce problème persistait depuis 2002. Certains observateurs avaient noté le manque de cohérence et de véritable interdisciplinarité dans le programme, deux problèmes qui persistaient sans qu’une solution soit amenée pendant plus d’une décennie. Le programme de premier cycle en études canadiennes a été créé en 1982, mais c’est en 2005 que l’Université a accrédité les nouveaux programmes de majeure et de mineure en études canadiennes.
Les étudiants qui étaient déjà inscrits continueront à suivre leurs cours comme prévu. « Nous allons nous assurer de monter un nombre suffisant de cours ECCS dans les trois prochaines années pour que les étudiants inscrits à la majeure puissent compléter leur degré. », affirme Mme St-Onge. Elle n’a pas été en mesure de nous confirmer que d’autres programmes allaient être abolis ou non. Cependant, les études doctorales en études canadiennes se verront rehaussées de deux autres cours de niveau 6000.
L’Université d’Ottawa, université canadienne?
Selon le même rapport officiel d’abolition, l’élimination de la majeure devrait permettre aux étudiants d’être moins confus dans leurs options et choix de cours, en plus de permettre une meilleure et plus claire direction pour approfondir leurs connaissances dans l’étude et le savoir du Canada et de ses composantes. Il semblerait que le réel problème était que la majeure n’était pas assez spécifique. L’Institut des études canadiennes et autochtones s’engage à mettre de l’avant une mineure en études canadiennes qui saura combler l’intérêt de ceux qui s’intéressent au sujet, toujours selon ce rapport. Suite à la récente fusion des études canadiennes et des études autochtones sous le tout nouvel Institut des études canadiennes et autochtones, certains se demandent pourquoi l’Université d’Ottawa, qui se décrit comme l’université canadienne, a aboli sa majeure en études canadiennes.
L’ancien directeur de l’Institut, Yves Frenette, semble se poser les mêmes questions. « C’est une honte! », déplore-t-il. « L’Université n’a jamais investi beaucoup dans la majeure en études canadiennes. Ainsi, n’y a-t-il jamais eu de professeur à temps plein dans le programme? Il y eut un ou deux professeurs réguliers en affectation multiple, c’est-à-dire qu’ils enseignaient seulement un ou deux cours par année dans le programme, et des chargés de cours. »
Les programmes interdisciplinaires et spécialisés passent souvent inaperçus pour une grande majorité d’étudiants, mais c’est surtout le manque de financement qui semble avoir affecté le programme. « Pour justifier sa décision, l’Université a allégué le petit nombre d’étudiants dans le programme depuis 30 ans. C’est vrai qu’il n’y a jamais eu beaucoup d’étudiants. D’abord, le programme n’est pas connu dans les écoles secondaires. La majorité des étudiants avec qui j’ai été en interaction pendant trois ans ont appris son existence par hasard ou après avoir été admis à l’Université d’Ottawa. En plus, les études sur l’éducation postsecondaire en Ontario ont toutes démontré que les étudiants ne sont pas au rendez-vous dans les programmes sans ressources. », déclare M. Frenette. « En dépit du fait que l’Université n’a pas investi beaucoup dans la majeure en études canadiennes, c’était un programme de qualité. Pour vous en convaincre, consultez le rapport des deux évaluatrices externes (avril 2012). En fait, leurs critiques étaient surtout adressées à l’Université et à la Faculté des arts pour ne pas investir suffisamment dans le programme. », continue-t-il.
Il ne semble pas y avoir de projet de reconstitution d’une majeure en études canadiennes dans les prochaines années pour l’Institut d’études canadiennes et autochtones.