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Par Noémie Calderon Tremblay – Journaliste
À l’occasion de la Journée nationale des peuples autochtones le 21 juin, l’Université d’Ottawa (l’U d’O) lance un plan d’action autochtone 2019-2024 Son but ? Sensibiliser sa communauté, apporter des changements systémiques en son sein et pour créer un milieu qui reflète, met en valeur, inclut et soutient la culture et les peuples autochtones sur le campus. Le document est divisé en quatre domaines thématiques qui expliquent et regroupent les actions nécessaires à la réalisation des objectifs pour l’année 2024.
Le plan d’action autochtone fait partie de Transformation 2030, le plan stratégique de l’U d’O pour la prochaine décennie, informe Brenda Macdougall, déléguée universitaire à la participation autochtone et directrice de l’Institut de recherche et d’études autochtones de l’U d’O.
Les quatre cerceaux
Le plan d’action disponible en ligne, est divisé en quatre parties, appelées des cerceaux. Le nom de cerceau a été attribué à chaque domaine thématique d’après un enseignement Anishinaabeg qui explique qu’une communauté saine est construite comme un wigwam, une demeure traditionnelle comportant une armature faite des perches et de cerceaux de stabilisation, explique Tareyn Johnson, directrice des affaires autochtones de l’U d’O. À l’instar du wigwam, le plan d’action est structuré et soutenu par les cerceaux qui le composent, poursuit-elle.
Le premier est axé sur l’établissement, et concerne l’amélioration des politiques, des procédures, des services et de l’établissement en lui-même. Il comprend neuf mesures « visant à apporter des changements structurels à la dotation en personnel, aux pratiques administratives et à la gouvernance de l’Université ».
Ces changements prendraient par exemple la forme d’un plan de recrutement de personnel autochtone pour que celui-ci soit représenté dans l’ensemble de l’effectif de l’Université, ou l’assurance et la représentation d’au moins deux membres autochtones au Bureau des gouverneurs et au Sénat.
Le second cerceau concerne les facultés, les départements et les programmes. Il propose l’élaboration d’un programme d’études autochtones et de développement de la recherche autochtone. Il cherche à apporter « un changement intellectuel systémique au milieu universitaire, afin d’attirer et de retenir les chercheurs et les étudiant.e.s autochtones tout en favorisant l’autochtonisation à l’échelle du campus par l’excellence en recherche et en enseignement dans de nombreux domaines. »
Il pourrait par exemple se manifester sous forme de création des postes prédoctoraux et postdoctoraux pour les étudiant.e.s autochtones de cycle supérieur ou une série de programmes de bourses spécialisées ou en créant des programmes de mentorat destinés à ces dernier.ères..
Le troisième cerceau se concentre autour de l’espace physique, et plus particulièrement des apports esthétiques, de l’inclusion, de l’amélioration du campus. Il « regroupe un ensemble de mesures destinées à apporter des changements esthétiques et symboliques à l’espace que nous occupons ensemble sur notre campus » et pourrait se traduire par l’accroissement de la représentation autochtone dans les espaces extérieurs ou l’accroissement de la présence de l’art et des images des Premières nations, des Métis et des Inuits dans l’espace intérieur du campus.
Enfin, le dernier cerceau s’articule autour de la communauté autochtone, et surtout de participation interne et externe. Il vise à favoriser et faciliter « l’inclusion des gardiens du savoir autochtone et des aînés, des communautés et des organisations dans les expériences vécues au quotidien par les étudiant.e.s, les professeurs et le personnel. » Il cible l’apport de soutien aux événements et activités autochtones ou la promotion de la participation des jeunes et la sensibilisation auprès des communautés et des écoles.
Rôle et création du plan
Le plan d’action autochtone est un moyen pour l’U d’O d’inclure la communauté autochtone, sa culture et ses connaissances dans son cursus, ses services étudiants, ses formations et dans toutes les autres aires communes du campus incluant l’infrastructure et le design, développe Macdougall.
« Le plan a été créé et écrit en collaboration avec les membres autochtones des communautés de la région qui sont sur le Conseil autochtone de l’éducation (CAE) qui inclut entre autres des étudiant.e.s autochtones », annonce Johnson.
Des consultations ont aussi été faites dans des secteurs et des lieux de services au sein de l’U d’O et du Conseil tribal de la nation algonquine Anishinabeg, ajoute Macdougall.
Le plan d’action a été créé de façon à être accessible à tou.te.s. « Nous espérons que la communauté de l’U d’O prendra le temps de lire le plan et d’entamer une réflexion afin de contribuer ce que les changements souhaités deviennent une réalité », confie la directrice des affaires autochtones de l’U d’O
« Que l’on soit un professeur.e.s, un membre du personnel ou de l’administration ou un étudiant.e ou que l’on soit un membre ou non de la communauté autochtone, ce plan nous concerne tous », avance Macdougall. C’est un pas en avant pour mieux connaître la culture et les valeurs de la communauté, précise-t-elle.
Par ce plan, « nous souhaitons vivement voir un accroissement d’étudiant.e.s des premières nations sur le campus », signale Johnson. Cela traduirait l’exécution et la réussite du plan d’action.
Des actions concrètes, comme l’instauration de protocoles et de procédures qui promeuvent l’inclusivité et l’augmentation de recherches collaboratives et en lien avec les enjeux autochtones sont prévus, continue Macdougall.
Le Centre des ressources autochtones a récemment travaillé avec l’organisation Indspire qui offre des bourses et des programmes de financement aux étudiant.e.s autochtones. Tous deux souhaitent organiser des conférences au sein du campus pour être certains que celles et ceux qui ont accès aux programmes en sont informés.
Le plan d’action autochtone est une occasion pour tou.te.s d’en apprendre davantage et de s’impliquer dans la pleine reconnaissance et l’inclusion de la communauté autochtone sur le campus.