– Par Ghassen Athmni –
En 2012-2013, certains bars et cafés, connus pour abriter une scène artistique active se sont démarqués les uns des autres, choisissant chacun d’adopter un style et une façon de faire bien particulière.
Pressed Café: un espace émergent pour la poésie et bien plus
Situé dans le quartier chinois, cet établissement de restauration a beaucoup gagné en reconnaissance cette année, notamment grâce à la multiplication des soirées poésie et des soirées thématiques. C’est en particulier la série de spectacles intitulés The Artistic Showcase, organisée par le poète ottavien Brandon Wint, qui aura marqué les esprits au cours de 2012-2013 – entre autres avec la participation de grands noms tels que Ian Keteku (champion du monde de slam en 2010), Moe Clark, Kim Crosby et OpenSecret. « Je pense que c’est un très bon endroit compte tenu de sa superficie et de son architecture, qui permettent de créer une ambiance très chaleureuse. C’est ce qui attire les artistes ici », précise Wint.
Outre ces soirées bihebdomadaires, une soirée pour les jeunes consacrée uniquement aux poètes âgés de moins de 19 ans est organisée une fois par mois. « Parfois, nous voyons des jeunes de 12 ans venir présenter leurs rimes à un public de tout âge », explique Wint. L’espace accueille souvent des concerts de jazz et de folk, ainsi que des expositions photographiques.
Umi Café: improviser comme mot d’ordre
Très convivial et très informel, cet autre espace du quartier chinois semble baigner dans l’esprit hippie. Régulièrement visité par des artistes locaux à l’instar de Balam Santos, Hyfidelik et The Way, Umi s’est bâti une notoriété d’espace voué aux jams. Les interminables sessions d’improvisation avant, après et pendant les concerts, ainsi que la soirée hebdomadaire de jazz improvisé baptisée IMOO – Improvising musicians from Ottawa-Outaouais –, y sont pour beaucoup. « Ces soirées connaissent un grand succès et permettent de révéler beaucoup de talent, mais il y a aussi d’autres soirées au cours desquelles des musiciens ont émergé, notamment Alec Mead qui fait du folk, et Balam Santos qui marie très bien le flamenco au rap », confie John Bainbridge, agent du service logistique.
Mercury Lounge: funk et ambiance do Brasil
Même s’il est connu pour accueillir des soirées slam et divers lancements d’albums et spectacles en tout genre, ce bar du Marché By a souvent vibré aux rythmes de la funk ou des musiques du monde, comme la bossa nova ou la samba. Une tendance que la directrice de programmation du Mercury Lounge, Claudia Baladelli, explique par ses rapports avec le Brésil: « Je suis brésilienne et j’ai des rapports très étroits avec la scène musicale de mon pays. À chaque fois que j’y vais, j’essaie de repérer des talents que je peux ramener jouer ici ».
Au-delà de cette influence, l’endroit varie tout de même son programme avec du jazz, de l’électro et surtout du funk. « Nous avons un nouveau projet, The Mad Funk, une idée de Philippe Lafrenière (Souljazz Orchestra), qui vient se produire avec les groupes Phil Motion et Easy Lo-fi puis laisse la place à d’autres artistes. Toute la soirée est dédiée au funk et au soul », affirme Mme Baladelli.
Le Petit Chicago: soirées thématiques
Le bar à spectacles du vieux Hull aura aussi marqué les esprits cette année avec en relief les soirées Souljazz Orchestra, le passage de Bernard Adamus ou Half Moon Run ainsi que les soirées humour. Le P’tit Chic’ a aussi été l’hôte de l’Omnium du Rock. Ceci dit, en temps normal l’espace suit un fonctionnement hebdomadaire où chaque soirée est associée à un genre. « Les lundis c’est du jazz avec beaucoup d’improvisation, alors que les mardis c’est plus électro ambiant. Les jeudis latinos sont un de nos plus grands succès et, chaque vendredi, c’est souvent une musique plutôt dédiée à faire la fête. Samedi est le point culminant de la semaine, avec un concert dont l’entrée est payante », explique Tristan Arnaud, directeur général du bar. « Nous aimerions avoir plus de grands noms et de grands événements, mais c’est souvent trop cher pour nous, surtout vu l’exiguïté de l’espace », rajoute-t-il.
Le Troquet: faire plaisir à tout le monde
À quelques encablures du Petit Chicago se trouve Le Troquet, dont l’histoire est intimement liée à la Virée Blues Boréale. « Avant que nous ne commencions ce projet, il n’y avait presque pas de blues de ce côté-ci de la rivière. Pour en voir, il fallait aller à Ottawa. Cela me tenait à cœur de raviver cette scène », confie Éric Gaudreault, propriétaire du bar-bistro. Mais la programmation ne s’arrête pas à cette collaboration ni à ce style de musique: « Nous essayons de faire plaisir à tout le monde, notre politique c’est de ne pas nous en tenir à une tendance. L’année dernière, nous avions fait beaucoup de musique alternative et, cette année, nous essayons de proposer plus de choix aux clients », affirme M. Gaudreault. Avec des soirées slam, des expositions d’art visuel, du hip-hop voire de la musique orientale, on peut dire que l’équipe de coordination artistique travaille à satisfaire tous les goûts.