À l’aube d’un quatrième échec d’affilé à l’Assemblée générale, on cherche qui pointer du doigt. « C’est l’Exécutif de la FÉUO qui ne fait pas sa job », s’écrient certains. « C’est l’apathie estudiantine », rétorquent d’autres. Mais cessons pour un moment les querelles partisanes afin d’examiner la situation et repenser les structures du pouvoir étudiant.
Toujours pertinent?
On ne peut se surprendre que, suite à la déception de mardi dernier, plusieurs ont pris aux médias sociaux pour remettre en question l’existence même des AG féuosiennes. Après tout, ça prend du temps, ça coûte de l’argent et ça accompli peu.
Toutefois, il serait une erreur de penser que c’est seulement avec le quorum que l’AG affecte la politique étudiante.
Avoir une AG comme instance suprême, c’est déplacer une partie du pouvoir de l’Exécutif aux étudiants. En assurant un minimum de transparence et en réservant le droit de renverser les décisions de l’Exécutif, l’AG agit comme un mécanisme de prévention. Tout au long de l’année, la présidente et les v.-p. savent qu’ils devront confronter les étudiants avec le bilan de leurs actions et cela influence inévitablement plusieurs de leurs décisions.
Il est aussi utile d’avoir l’AG dans son arsenal pour répondre à des cas exceptionnels. Même si l’on accepte que l’on n’obtienne pas le quorum la majorité du temps, l’AG peut être une arme secrète en temps de détresse (si l’on coupait des services importants ou si les membres de l’Éxecutif doubleraient leur salaire par exemple).
Repenser la structure
Pour mille et une raisons, la structure actuelle ne sait susciter la participation nécessaire pour atteindre le quorum. Plutôt qu’expliciter et analyser tous les problèmes, on pourrait certes invoquer des centaines de raisons qui expliqueraient pourquoi les étudiants ne participent pas.
D’abord, il y a les études, le travail, les amis et la routine ménagère, etc. Le rapport à l’université change, les étudiants sont plus endettés et moins présents sur le campus qu’il y a 20 ans. Ensuite, la culture des AG et de la mobilisation sociale est moins développée du côté ontarien. Et la FÉUO elle-même semble avoir de la difficulté à interagir avec la majorité des étudiants. Leur présence sur les médias sociaux est embryonnaire et leurs évènements ne rejoignent qu’une douzaine d’habitués.
Mais, pour le meilleur ou pour le pire, ces choses ne sont pas à veille de changer. Il ne faut plus simplement mettre un pansement et se dire qu’on essayera plus fort l’an prochain. Si l’on veut atteindre le quorum, il faut plus qu’une structure qui fonctionne avec l’état idéal, il faut quelque chose qui fonctionne maintenant.
Retour au fédéralisme
La FÉUO, comme le nom l’indique, est une fédération : c’est-à-dire une organisation formée de petites associations (corps fédérés). À l’Université, presque chaque département – et même certaines facultés – ont leur propre comité exécutif qui fait partie de la FÉUO.
Pour assurer le quorum, la FÉUO doit faire affaire avec les corps fédérés.
D’un côté, les associations départementales sont beaucoup plus près des étudiants qu’elles représentent. Les membres de leur comité exécutif sont visibles : ils suivent les mêmes cours qu’eux et errent dans les mêmes corridors. Ainsi, ils peuvent plus facilement susciter la participation étudiante.
De l’autre côté, les membres de ces comités exécutifs ont comme fonction de représenter leur département au corps fédéral. Leur participation à l’AG est nécessaire. Qu’ils approuvent ou non de l’agenda féuosien, en faisant partie d’un comité exécutif, ils acceptent certaines responsabilités face au fédéralisme étudiant.
Il est difficile de dire précisément combien d’étudiants s’impliquent dans l’ensemble des corps fédérés, mais le total est considérable. À la Faculté des arts seulement, on compte 18 associations d’étudiants au premier cycle, qui ont en moyenne 7 membres à leur comité exécutif. Il y a plus d’une cinquantaine de département à l’Université. Ensuite, 25 étudiants représentent leur faculté au conseil d’administration de la FÉUO. Bref, le quorum d’un peu plus de 300 étudiants approche à grands pas.
Certes, ce n’est qu’une piste : une ouverture pour repenser les structures du pouvoir étudiant. Il y a certainement des centaines d’autres choses qui peuvent être faites. Mais, après 4 défaites et aucune victoire, une chose est sûre : il faut que ça change.