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Par : Océane Lemasle
Surtitre/Titre : 3 questions pour comprendre le féminisme
Avec Dominique Bourque, Ph.D.
(Direction intérimaire) Professeur agrégé à l’Institut d’études féministes et de genre et au Département de français
Faculté des sciences sociales et Faculté des arts
- Qu’est-ce que le féminisme et quels sont ses enjeux actuels ?
Le féminisme regroupe l’ensemble de pratiques et d’analyses provenant d’un mouvement révolutionnaire lent, parce qu’ancien, et profond, puisqu’il interroge l’organisation des systèmes sociaux, de leurs conceptions à leurs fonctionnements. Il débute lorsque les femmes, plus ou moins soutenues par les hommes, dénoncent les contraintes ou limitations associées à cette catégorisation (préjugés, droits inégaux, accès limités, restriction des libertés, etc.) créée et imposée par les hommes. Et c’est cette dénonciation de leur subordination systémique, s’étendant désormais à d’autres groupes sociaux dont elles font partie, qui va, progressivement, proposer des modes relationnels alternatifs fondés sur le respect et l’égalité entre les sexes et groupes sociaux.
- Qu’est-ce que la Journée internationale de la Femme (8 mars) et en quoi participe-t-elle au mouvement féministe ?
À l’origine, la Journée internationale des droits des femmes rappelle les grands mouvements de grève des femmes menés à travers le monde et souligne leurs luttes pour des droits égaux. Elle appuie, en fait, l’importance de la solidarité dans ce combat d’émancipation et de justice sociale. Aujourd’hui, elle est l’occasion de sensibiliser chacun face à cette situation et de débattre des analyses et solutions envisageables. Elle s’inscrit donc dans une démarche essentielle de dialogue démocratique.
- Vers où se dirige le mouvement et quel sera son impact sur les mentalités de demain ?
La tendance actuelle est au regroupement des mouvements de luttes sociales, visibles à travers l’acronyme en constante expansion: LGBTTQ2SIA+. Ces mouvements sont analysés à travers deux approches : la diversité de la multiplicité des catégories sociales ou leur remise en question résultant à des situations de destruction ou de dépassement. De ce fait, le renforcement de cette solidarité, force contre la division créée par les idéologies dominantes, s’annonce porteuse sur le long terme. Le danger réside néanmoins dans la hiérarchisation des revendications : celles-ci risquent d’être plus écoutées si elles proviennent de groupes aux moyens financiers ou au capital symbolique importants. Cependant, les acquis, malgré des reculs ponctuels, s’élargissent peu à peu et entrent dans les mœurs. Ils exigent une vigilance, mais personne n’est prêt à perdre ce qui a été gagné et au fil de siècles et après de chaudes luttes.