Par Gabrielle Lemire
Francine Dagenais, professeure en histoire et théorie de l’art
1. Pourquoi a-t-on l’impression qu’il n’existe pas de grandes femmes artistes ?
Les femmes n’avaient pas le même accès à la formation que les hommes, elles n’avaient pas accès à des modèles vivants (parce qu’elles étaient des femmes et ce n’était pas acceptable). Ces femmes-là n’étaient pas jugées capables de faire des tableaux historiques, elles étaient reléguées à des modes mineurs. Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas eu de femmes artistes dans l’histoire de l’art, mais bien parce que ces femmes-là ont été jugées sans importance par les historiens de l’art qui avaient une vue d’ensemble qui reflétait le système des Beaux-Arts. Cette hiérarchie excluait les femmes et c’est à partir de ça que plusieurs femmes vont disparaître des récits historiques.
2. Quelle est la place des femmes artistes dans l’art actuel ?
On peut facilement dire qu’il y a parité sur le plan de la production. Dans les dernières années, des corrections ont été faites à l’histoire de l’art. Mais même s’il y a certainement autant de femmes artistes que d’hommes artistes en ce moment, elles ne sont pas représentées de façon égale dans les musées. Et c’est là que ça se passe. Il y a le texte des historiens de l’art, d’une part, et il y a des acquisitions dans les collections muséales. Juste en un coup d’oeil, je peux dire qu’on n’est pas à 50 %. Mais il y a eu énormément d’efforts depuis les mouvements des années 70 pour augmenter la représentation des femmes et des minorités.
3. Comment les étudiant.e.s peuvent-ils.elles contribuer à augmenter cette représentativité ?
Je pense qu’il faut être conscient de nos attentes envers la représentativité des artistes. Il faut avoir un esprit ouvert et critique. Il faut avoir une ouverture à la nouveauté, une ouverture à la différence. Il faudrait aussi être critique lorsqu’on nous présente des leçons qui semblent manquer de réflexion, ou d’une manière très traditionnelle. D’être conscient quand on regarde ces choses-là, que ce qui nous séduit et nous intéresse peut peut-être offusquer quelqu’un d’autre. Ce que je vois chez les étudiants c’est beaucoup d’ouverture. Il y a un effort d’inclusivité et de changer les choses, de ne pas rester avec le statu quo. Je vois qu’il y a un raz-de-marée de mouvements qui se passe. Aujourd’hui, on récolte le fruit de ces mouvements-là.