Par Pascal Vachon
Stephen Baranyi, professeur en Développement international et mondialisation
Auteur du livre Haïti aujourd’hui, Haïti demain : Regards croisés
Plusieurs manifestations et violences ont lieu depuis des semaines en Haïti, comment en sommes nous arrivés à cette situation-là ?
C’est une situation complexe, mais on peut identifier trois facteurs. D’abord, l’incapacité des élites gouvernantes de répondre aux droits sociaux économiques d’une majorité de la population. Deuxième facteur : la corruption. Les gens voient qu’une bonne partie des fonds déboursés par le Venezuela en Haïti sont allés enrichir ces élites bureaucratiques. Le dernier facteur est la légitimité du gouvernement actuel, certains partis de l’opposition n’ont jamais accepté la légitimité de l’élection du président Moïse en 2017.
Pourquoi est-ce que le président en place, Jovenel Moïse, ne quitte-t-il pas son poste ?
Sa position est ancrée dans les normes constitutionnelles du pays. Le président a été élu et il a un mandat de quatre ans, il est dans son droit de dire : « Si vous n’aimez pas ce que je fais, votez pour un autre parti la prochaine fois. » La position de monsieur Moïse est constitutionnellement correcte ; ce qui est moins habile est la façon par laquelle il l’a communiquée.
Comment la situation en Haïti pourrait-elle s’apaiser, ou du moins s’améliorer ?
À court terme, les mesures annoncées par le premier ministre Jean-Henry Céant, soit la réduction des dépenses excessive du secteur public et l’initiation de démarches pour amener des personnes accusées de grandes fraudes, sont intéressantes. Le meilleur scénario serait que les mesures annoncées par le premier ministre Jean-Henry Céant et que le dialogue entamé par le président avec des secteurs importants soit mis en place de façon conséquente. Ces mesures pourraient apaiser une partie des manifestants et ça pourrait mettre le pays sur une nouvelle voie.